Tactiques d'infanterie russes : une stratégie fondée sur des sacrifices

Aujourd'hui, nous allons analyser en détail les tactiques des petites unités d'infanterie, souvent à tort qualifiées d'innovantes dans les rapports militaires, en examinant comment le Groupe Wagner les a introduites lors des batailles pour Bakhmout et leur utilisation actuelle dans le contexte de la bataille pour Pokrovsk.

Cette approche met l'accent sur l'utilisation d'une infanterie jetable dans une série d'escarmouches, plutôt que sur des assauts massifs concentrés traditionnels. Elle trouve son origine dans l'environnement contraint en ressources mais à haute intensité de Bakhmout, où les mercenaires de Wagner ont adapté leurs tactiques pour surmonter les défenses ukrainiennes malgré un équipement limité et une main-d'œuvre hautement sacrifiable.

Les tactiques russes consistent à déployer des pelotons jetables composés de conscrits, de prisonniers ou de civils sous-entraînés, divisés en petites équipes de tir de 2 à 5 soldats. Ces équipes avancent par vagues successives, en exploitant le terrain pour se mettre à couvert, en creusant des positions et en réduisant progressivement la zone neutre ou "no man's land" entre les positions russes et ukrainiennes.

Chaque vague russe a un objectif précis : engager les défenseurs, révéler les positions de tir ukrainiennes et maintenir une pression constante. Malgré de lourdes pertes, les soldats russes sont forcés d’avancer, souvent dans des conditions épouvantables, entourés de camarades tombés au combat. Ceux qui peuvent encore marcher continuent d’avancer, même blessés, tandis que les blessés graves tiennent position sous la menace d’une exécution en cas de retraite. Cette discipline brutale prolonge l'efficacité des assauts, mais à un coût humain et psychologique immense pour les assaillants. L'objectif principal est d'épuiser les défenseurs ukrainiens, de réduire leurs munitions et d'étirer leurs lignes défensives, ouvrant la voie à une avancée progressive ou à des percées plus décisives.

L'adoption de ces tactiques répond aux réalités du champ de bataille, qui rendent les opérations classiques combinant armes lourdes et infanterie inefficaces. L'artillerie ukrainienne, les frappes de précision et les drones FPV perturbent fortement les tentatives russes de mener des assauts classiques impliquant de nombreux véhicules blindés et troupes. Même lors des phases de préparation, les forces russes subissent des pertes importantes en raison des frappes ukrainiennes sur leurs arrières, ce qui les empêche souvent de rassembler suffisamment de forces pour des assauts coordonnés.

Face à ces défis et compte tenu de l'importante réserve de main-d'œuvre jetable de la Russie, les tactiques à petite échelle et par attrition s'avèrent plus efficaces. Les "vagues humaines" permettent de réaliser des gains territoriaux progressifs, en dégageant les positions avancées et en exploitant les failles dans les défenses ukrainiennes. Cependant, ces tactiques entraînent un coût humain exorbitant pour la Russie.

Les vagues d'assaut russes ont également un impact psychologique sur les défenseurs ukrainiens, érodant leur moral, surtout lorsque les communications échouent. Pour contrer ces tactiques, les défenseurs ukrainiens doivent se concentrer sur des positions fortifiées avec des champs de tir croisés, obligeant les forces russes à gérer plusieurs cibles simultanément. Les outils clés incluent des mitrailleuses, des lance-grenades automatiques et des mortiers portables, qui peuvent engager les groupes ennemis tout en restant dissimulés.

Une surveillance continue par drones et des postes d'observation permettent de détecter les mouvements ennemis rapidement, facilitant des frappes préventives sur les Russes tentant de se rapprocher. Une coordination rigoureuse et des communications claires sont essentielles, avec un commandement opérationnel 24h/24 garantissant une allocation rapide des ressources et une défense unifiée, permettant de résister à une pression prolongée.

Un exemple concret provient de la direction de Pokrovsk, près du village de Krasny Yar, où l'infanterie russe a mené plusieurs assauts sur les positions ukrainiennes, tentant d'avancer à travers des champs ouverts en s'appuyant sur les caractéristiques du terrain et un abri urbain minimal pour percer les défenses ukrainiennes. Les forces ukrainiennes ont efficacement contré ces assauts à l'aide de drones Mavic 3, larguant des munitions sur l'infanterie russe en progression. Alors que l'infanterie russe continuait de pousser, elle a été confrontée à des frappes soutenues et précises des drones ukrainiens, décimant plusieurs vagues de soldats. Cela a entraîné une attrition sévère des forces russes, stoppant leur élan et les forçant à battre en retraite.

Les tactiques des petites unités d'infanterie illustrent la réponse pragmatique de la Russie aux limitations imposées par les réalités du champ de bataille. Elles exploitent les ressources humaines pour compenser les lacunes en équipements et en coordination, obtenant des succès tactiques limités au prix d’un coût humain colossal. Pour contrer cette stratégie, l'Ukraine doit intégrer une formation robuste, une surveillance avancée et une puissance de feu précise. En ciblant systématiquement les zones de préparation et en neutralisant les vagues avant qu'elles ne submergent les défenses, l'Ukraine peut affaiblir la dépendance de la Russie aux tactiques d’attrition, tout en maintenant la cohésion et le dynamisme de sa défense.

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